Va donc me chercher un verre, j'ai besoin de m'hydrater le gosier avant de vous raconter la suite. Mouais, c'est une sacrée aventure. Tout ça pour une histoire de gelée de slime bleu, vous saviez que c'était recherchée cette substance, vous ? Eh bien figurez-vous que la guilde a trouvé un magico-cuistot qui a trouvé une utilité à cela. Probablement le seul à 100 lieues à la ronde mais ils l'ont trouvé. Si j'y ai goûté ? Certainement pas ! Déjà parce que je n'en avais pas l'intention mais surtout parce que je n'ai pas pris le temps de déguster ce genre de mets, probablement hors-de-prix. Ouais, c'est vrai, Charles-l'eau, j'avais pas vraiment de temps de toute façon puisque…!! Ah ! Humpf… T'as trouvé que ça ? Putain, y vraiment rien à tirer de vous non plus, j'ai l'impression.

Bon, ça fera l'affaire. Mais tu m'en dois une crétin, c'est clair ? Bien. J'en étais où déjà ? Ah ouais, je vous expliquais pourquoi j'étais obligé de me terrer dans cette auberge miteuse pour la nuit. Eh ben c'est simple mes lapins, y a une enflure qui a dénoncé mes pratiques en les exagérant et en les connotant négativement. Quoi ? Mais bien entendu que je fais de la nécromancie ! C'est tout un art, figure-toi ! En revanche, le gamin dont il était question, j'en ai pas entendu parler. On a cherché à me faire tomber et vous savez pourquoi ? Parce que je fais peur. Parce que ma puissance fait peur. Parce que mon assurance fait peur. Parce que mon savoir fait peur ! Je ne me cache pas par crainte, simplement pour accomplir mon plan. Oui, je vous en parlerai ensuite, on verra. D'abord les slimes. Enfin. Le smile, pour être honnête.

C'était y a pas si longtemps, la guilde m'avait contacté pour une mission qui avait déjà échoué de très nombreuses fois. À tel point que le commanditaire avait dû augmenter plusieurs fois la récompense. Sylmare, un autre elfe, était avec moi et m'avait donc naturellement accompagné pour faire suite à une autre aventure que nous avions terminé juste avant. Ses talents de guérisseur étaient fort pratiques et… Où est-ce qu'il est ? Qu'est-ce que j'en sais, il est p'têtre bien mort, qu'est-ce que ça peut me foutre ? Bref, la demande était simple : trouver de la gelée royale de slime bleu. Le problème c'est que j'avais jamais entendu parler de ce truc-là et que j'ignorais où en trouver. C'est là qu'on nous a accolé un de ces sacs-à-mains bipèdes, un certain Jacu Tator. Ah putain, qu'est-ce qu'il était bien trouvé son nom. Le lézard semblait avoir des compétences en plante, voyez-vous. En plante ! Pour trouver du slime qui est une créature vivante. Ouais, la guilde n'a jamais été très douée pour former des groupes, c'est probablement pour ça qu'il y a un tel taux d'échecs sur des quêtes aussi basiques. M'enfin, le truc réfléchit deux secondes et nous explique qu'on en trouvera dans un lieu chaud plutôt que dans les lieux froids comme ça semblait être indiqué dans l'annonce. Déjà, là, ça puait l'embrouille mais j'ai voulu être sympa et je lui ai laissé le bénéfice du doute. De toute façon, fallait bien qu'on commence à chercher quelque part.
De quoi ? Ah oui, la récompense ! Ahahah, c'était une dizaine d'écus par once. Ouais, c'est sûr que c'était pas dégueux, juste ce qu'il me fallait pour la première phase du plan. Comment ça quel plan ? Eh ben, celui que j'évoquais juste avant ! Oui… Celui dont je vous parlerais après mais pour ça faudrait que j'arrive à en placer une, sans me faire constamment interrompre, bordel. On est donc parti en direction du volcan le plus proche. Ouais, de la montagne qui chauffe, si tu préfères. Pour ça, on avait plusieurs heures de marche à travers la forêt, une route semblait y conduire directement. Au début, tout allait bien, je suivais la route et les autres me suivaient. Sauf qu'à un moment y a le sac-à-main qui s'est mis à flairer une odeur et qui a proposé de couper à travers la forêt pour se rapprocher et du volcan, au nord, et de l'odeur. Ça sentait la très mauvaise idée, je leur ai dit que c'était une très mauvaise idée et c'était une très mauvaise idée. Mais est-ce qu'ils m'ont écouté ? Non, ils ont voulu essayé malgré tout, pour je ne sais plus quel prétexte minable. C'était une déception de la part de Sylmare, mais bon, il fallait s'y attendre. Je les ai donc accompagné pour éviter de perdre tout le groupe quelques heures à peine après l'avoir formé.
On a donc avancé pendant, je sais pas, dix ou quinze minutes sur une sorte de petit sentier qu'on avait du mal à suivre quand on débouche sur une sorte de clairière où poussait des pastèques. Ouais, des pastèques, les fruits plein d'eau et de pépins, là. J'énonce à Jacu qu'il a tort de s'en approcher mais est-ce qu'il m'écoute ? Bien sûr que non ! Et est-ce qu'il se passe ce que j'avais prédit ? Bien sûr que oui ! Les pastèques se sont mises à bouger et planter des dents-pépins plein dans le bras du saurien. C'était assez cocasse. Devant un tel déchainement le vaurien fuit à grands pas, la queue entre les jambes et c'est Sylmare qui entame la riposte en leur lançant des cônes de glaces. Ce qui est perturbant avec Sylmare c'est qu'à chaque fois qu'il lance un cône, y a une odeur de menthe poivrée qui traîne dans l'air. Habitué, je ne me suis pas laissé déstabilisé et j'ai enchaîné à mon tour avec un éclair en chaîne. La suite du combat est un peu confuse, en gros, j'ai cramé des trucs, y a une pastèque qui a sauté sur l'un des deux autres pour essayer de mordre. Assez rapidement, je viens à bout d'une de ses plantes dégueulasses et elle explose en projection de dent-pépins, entraînant la mort de toutes les autres et me blessant au passage. Je fulmine contre le lézard et demande un soin. Est-ce que j'ai été soigné ? Ah ! Que nenni ! Parce que oui, l'elfe avait beau connaître des sorts de guérison, il se révélait particulièrement malhabile lors qu'il s'agissait de les utiliser sur moi. C'est effectivement pour ça que je me suis débarrassé de lui après cette aventure. À ta place, je me marrerai pas trop Greg, il arrivait parfois à me soigner, lui. On peut pas en dire autant de toi.
Je les engueule vertement puis je leur dis de continuer sans moi s'ils veulent risquer leur peau sur des chemins dangereux ou qu'il pouvait me suivre s'ils arrêtaient leurs conneries. J'ai rebroussé chemin et on est reparti en directement du volcan par un chemin, certes moins direct mais clairement plus sûr que leurs plans foireux.
Après quelques heures, on arrive au pied du volcan et on trouve une porte encastrée dans la roche. Pas banal, n'est-ce pas ? Qu'est-ce que vous auriez fait, vous ? Ben bien, sûr, vous l'auriez ouvert et seriez rentrés à l'intérieur comme les deux autres crétins. Vous ne mesurez pas la chance que vous avez d'être tombés sur moi, punaise. Bref, ils commencent à rentrer mais finissent par me suivre quand j'énonce que je vais faire le tour du volcan avant d'emprunter une porte aussi suspecte.
On marche encore quelques heures quand la nuit se met à tomber. Je leur ordonne alors de monter la tente pendant que je monte la garde. Je prends alors un peu de hauteur en profitant de la pente de la montagne et m'assoies pour les surveiller. À deux ils galèrent mais parviennent à terminer le montage avant de se battre comme des gamins pour pouvoir profiter des deux places de celle-ci. C'était assez pitoyable à voir. La nuit tombe et à un moment je perçois des battements d'ailes qui se rapprochent en masse de moi. Je vais donc prévenir les endormis et je commence à les protéger. De quoi ? Eh bien, de chauve-souris géantes. Elles mesuraient bien deux mètres d'envergure et cherchaient clairement à se repaître de nous. À nous bouffer, quoi ! Une fois n'est pas coutume, je balance encore des éclairs en chaîne, des traits d'énergie stylés et on les crame. Plusieurs d'entre elles m'esquintent mais je les crame toutes sauf une qui parvient à m'échapper. Le saurien agitait son fléau en gueulant après que je l'ai bourré de coups pour qu'il se bouge et l'elfe lançait ses cônes de glace efficaces et mortels. Après le combat, je décide d'aller dormir pendant qu'ils cherchent à cuisiner les bestioles. J'avais bien mérité ce repos.

La nuit se passe bien puisque je me réveille le lendemain avec l'aube. Le lézard bipède prend tout son temps pour dormir, je suis donc obligé de le réveiller pour qu'il aide Sylmare à démonter la tente et on repart. Enfin, JE repars et ils finissent par me suivre.
Après quelques heures et alors qu'on avait presque terminé le tour du volcan, une cheminée naturelle attire mon œil. Je me demande si ce n'est pas là que se serait réfugier la dernière chauve-souris volante. Dans le doute, je balance un éclair de lumière violette et devinez ce qui tombe tout cuit ? Une chauve-souris géante. Je n'ai cependant pas eu le temps de savourer mon éclat de génie que le sol se met à trembler sous mes pieds. J'essaye de me rattraper en vain et je sombre, suivi, en me fiant à ce que j'entends de leurs hurlements d'effroi, par mes deux comparses maladroits.

Qu'est-ce que vous avez à me regarder comme ça ? Ah, vous voulez la suite ? Ben rapportez moi à manger et on verra. Allez, magnez-vous, j'ai faim ! 'tin… ce qu'il faut pas faire pour se faire servir de nos jours…