Outils pour utilisateurs

Outils du site


cr_monsters_week_1

Ceci est une ancienne révision du document !


← Retour vers le wiki

Teambuilding à Rattle Canyon

Contexte

Système et univers : One-shot, Monsters of the week

MJ : Naeleh
Personnage interprété : Alex Walker, professionnelle, 34 ans.
Accompagné par :
- Edwige, expert
- Eleanor, divin

Date : 12 Août 2022

Chapitre 1 - Bienvenue à Rattle Canyon

Il fait chaud. Cette idée de teambuilding est particulièrement ridicule et faire cela dans un endroit pareil… je suis sûr que Tony doit bien se marrer. Si c'est pour tester ma volonté, il va être servi. Je vais y participer, du début à la fin, sans rien dire. Je vais supporter cette foutue chaleur et je vais obtenir cette promotion bien méritée. Ce n'est clairement pas cette température qui me fera reculer.
Quel four…

Un bus arrive, c'est le troisième et le dernier si je ne me trompe pas. Au vu de l'agitation des organisateurs, j'ai la confirmation que j'ai raison. Je remets en place machinalement mon chapeau, je décolle mon dos du mur et je vérifie le port de mon manteau avant de quitter l'ombre bienvenue d'un bâtiment pour rejoindre le regroupement. 203 personnes, c'est le nombre de personnes réunies par nos supers dirigeants pour cet événement absurde. Ils ont déplacés deux agences entière pour passer une journée de cohésion d'équipe. Comme si j'avais besoin de me rapprocher des autres services… Je connais déjà toutes les personnes que je dois connaître dans le SS, le “Service Spécifique”, toutes les personnes qui sont au dessus de moi et comment grimper les échelons. Je n'ai besoin que des trois P : la patience, la persévérance et la performance. Mais visiblement, Tony, mon N+2, prend plaisir à me mettre des bâtons dans les roues.
C'est pourquoi je me retrouve paumée en plein désert de Californie, un mercredi, entourée d'inconnus pour un événement stupide.

Je me rapproche donc du groupe et patiente. Une bande de rigolos en gilet bleu et aux sourires commerciaux nous souhaite la “bienvenue à Rattle Canyon, une authentique ville de chercheurs d'or transformée pour notre plus grand plaisir”. On pourrait s'étouffer rien qu'à les écouter. Rattle Canyon est un de ces villes fantômes qui ont été désertées à la fin de la ruée vers l'or lorsque tout le monde s'est rendu compte qu'ils perdaient leur temps. Entre le saloon, la gare, l'église et le salon de barbier, il faut reconnaître que les bâtiments semblent encore en état. À part le staff de drôles, les N+1 pompeux qui essayent de se montrer sous un jour plus jeune et les employés qui forment un groupe hétéroclite, la ville semble déserte. Cela m'arrange.
La répartition commence, nous sommes appelés par ordre alphabétique pour être ensuite répartis dans des groupe de dix personnes. Bien.
Je patiente.
Le soleil tape en ce début d'après-midi.

Alex Walker”.
C'est à moi, je m'avance donc et rejoins les neuf autres personnes qui m'accueillent de façon fort différente. Les “collègues” de l'agence me saluent sommairement, le stagiaire manque de me lécher les bottes une fois la surprise passée et les autres ont un regard choqué devant mon accoutrement avant de se reprendre, par politesse, pour me saluer en essayant de me genrer correctement. “Bonjour Monsieur”, “Bonjour Madame”. Il faut dire qu'il est compliqué de m'attribuer un genre et que mon style vestimentaire détonne : en plus du chapeau marron clair assorti au long manteau taillé sur mesure de la même couleur, on peut discerner mon pantalon et une veste grise de très bonne quaité, le tout surmonté d'un masque alvéolé foncé qui recouvre mon nez et le bas de mon visage. À chaque nouvelle rencontre c'est la même chose : l'étonnement, la fascination puis le respect. L'étonnement est passé, vient donc le moment de la fascination où les gens essayent de me poser des questions auxquelles je ne prends pas la peine de répondre. Le respect ne tardera pas.
Pendant que je laisse couler les questions déplacées sur ma morphologie androgyne, j'étudie chaque personne une à une, de pied en cap. La plupart ont même un petit badge ridicule avec leurs noms, les autres se présentent. On retrouve Summer du service réseau et communications, une fille forte, blonde et énergique; Cori, un homme fin et sec mais tout aussi énergique qui travaille comme assistant en conseil recrutement; Glenn, un le stéréotype de l'asiatique informaticien blasé; Eleanor, une grande femme du Service ergonomie qui semble conviviale et motivée par la journée; Jasper, un résidu d'humain du Service fiscal qui se croit drôle avec ses blagues dépassées et racistes; Marc, un stagiaire au physique avantageux mais clairement en attente de validation; Edward, un homme discret; Edwige, une petite experte comptable dont le charisme rivalise avec celui d'une huître gothique des années 80; et enfin Stéphanie, une personne métisse qui semble avoir la tête sur les épaules, reflétant le Service management auquel elle appartient. Neuf personnes avec qui je vais devoir passer la journée.
Je pensais avoir obtenu toutes les informations qui convenaient de récolter quand un détail attire mon attention. Sur le sac de la comptable mal vêtue se trouvent des pins et, en dehors d'un smiley dérangeant, je note des graphismes d'inspirations occultes. Je dévisage plus attentivement cette femme qui remet craintivement sa frange devant son œil droit et note mentalement cette information; tout ce qui est lié à l'occulte doit être correctement enregistré, rien n'arrive par hasard dans ce domaine.
Le contraste entre mes missions secrètes et la perte de temps que constitue cette journée met ma patience à rude épreuve. Mais j'encaisse. J'ai un objectif à remplir.

Chapitre 2 - Début du jeu

Une petite femme au sourire commercial et au gilet bleu nous annonce qu'on a “la chance” de l'avoir comme référente pour toute la durée de l'événement. Cette Suzie ne me semble pas très intéressante et trop transparente : elle cherche clairement à combler son manque de confiance en elle par son travail. Quoiqu’il en soit, cette drôle nous explique sur un ton faussement enjoué que l'on doit retrouver des QR codes qui ont été dispersés en plusieurs endroits de la ville et que l'on doit les scanner à l'aide d'une tablette. Elle parle beaucoup pour exprimer fort peu d'informations utiles, répétant notamment que l'on peut compter sur elle en cas de besoin en appuyant simplement sur un petit bouton de l'interface qui ferait s'arracher les yeux à n'importe quel ergonome. Vient alors le moment de prendre la tablette qui révèle une carte de la ville et de commencer.
Un petit blanc fait suite à cette déclaration et je récupère donc la tablette. Tony veut que je fasse cette épreuve loufoque pour obtenir ma promotion, fort bien. Faisons-le bien. Performons.

Je me dirige donc vers le premier bâtiment indiqué, le saloon, sans me soucier ni des commentaires ni des questions que l'on me pose. L'objectif est clair pour tout le monde, je ne vois pas pourquoi je perdrais de la salive à leur expliquer que “Oui Summer, on va vers le saloon puisque c'est la première étape qui est clairement indiquée.” Cette femme me navre déjà. Le soleil quant à lui me donne quelques suées froides que je maîtrise avec la facilité mitigée de qui a l'habitude de le faire depuis des années, ce qui rend les cinq minutes de trajet désagréables mais supportables.
Une fois arrivée sur place, je vérifie que tout le monde m'a suivi. Les neuf sont là, bien ce sont des suiveurs. Sur la tablette, plusieurs informations attirent mon attention : la carte de la ville a laissé place au plan du Saloon, je réduis une popup avec “plein de petits faits intéressants” et énumère les trois énigmes qui sont sensées nous mener vers les QR codes.
Ce qui permet de danser.” - “Le piano !” la réponse d'Eleanor fuse et j'acquiesce simplement en lui indiquant à elle et un autre d'aller voir de plus près. Ils obtempèrent sans rechigner. Ce teambuilding a au moins l'avantage de conserver la hiérarchie naturelle.
La boisson emblématique.” - “Le whisky !” Étonnement, la réponse provient encore d'Eleanor qui semble plus que motivée. J'acquiesce à nouveau et envoie deux personnes pour regarder la rangée de bouteilles de whisky installée devant un grand miroir.
Le lieu où on ne dort pas forcément.” La réponse met un peu plus de temps à venir et c'est finalement le murmure de Edwige qui apporte une réponse : “Les chambres…?” son ton mal-assuré m'exaspère et je déclare simplement “Vous quatre, allez chacun examiner une chambre de l'étage”.
Ils y vont non sans avoir dû rappeler à Edwige que les chambres se trouvaient à l'étage et pas sous les touches du piano vers lequel elle se dirigeait. Ne reste alors plus que Cori avec moi et celui-ci se dirige naturellement vers le comptoir pour aider les deux qui inspectent les bouteilles.
Seule, je prends le temps d'ouvrir la popup des “petits faits intéressants” pour me rendre compte que mon instinct avait encore une fois eu raison : il s'agit uniquement d'informations inutiles, rajoutées pour donner une impression de contenu travaillé.

J'observe le groupe en action. Eleanor semble avoir trouvé une partition et, pendant que Glenn feint à peine de s'intéresser au piano, elle joue cinq notes. Le résultat ne se fait pas attendre, un mécanisme s'active et révèle le flashcode.
J'en ai un !” s'écrie la motarde. Je m'approche donc, lève la tablette et scanne le QR code puis la félicite sobrement : “Bien joué, Eléanor”. Et d'un.
Peu de temps après, c'est Marc qui s'exclame en avoir trouvé un autre au cul d'une des bouteilles vides d'alcool. “Bien joué, Marc.” Et de deux.
Je monte ensuite les escaliers en laissant les autres savourer leur victoire et passe la tête dans chacune des chambres pour vérifier que tout le monde s'affaire bien à chercher. Les quatre semblent consciencieux. C'est Edwige qui trouve le dernier code 2D, je m'approche et scanne celui-ci. Là, l'application se met à buguer et se ferme, une petite lumière rouge se met à clignoter frénétiquement pendant quelques secondes avant que l'application ne s'ouvre de nouveau. Les développeurs de l'application semblent avoir été aussi incompétents que les ergonomes. J'espère que ça ne va pas transformer en calvaire l'utilisation, il ne manquerait plus que cela pour rendre cette journée “inoubliable”.
La petite voix d'Edwige me tire de mes pensées quand elle me demande si “j'ai vu”. Je lui lance un regard perplexe. Elle me dit alors que l'application a changé. Je la dévisage sans rien dire. Derrière son t-shirt démodé noir où un loup hurle à la lune, sa jupe noire mi-longue aussi mal assortie que moche et ses Doc Marteens usagées, je commence à noter qu'elle n'a pas seulement un manque flagrant de personnalité et d'assurance, elle a visiblement un soucis d'attention. En effet, quand je lui demande de détailler ce qui a changé, la voici incapable de l'exprimer précisément. Trente secondes de perdu. Je regarde ma montre et quitte la pièce et ne lançant qu'un mot pour les quatre chambre : “Descendez.
Une fois en bas, je rassemble tout le monde et attend que ceux de l'étage nous rejoignent. J'attends quelques minutes puis exaspérée je demande ”Où est Edward ?”. Il était à l'étage et il n'est pas redescendu. Du moins je ne l'ai pas vu et visiblement personne d'autre ne l'a vu descendre. “Allez le chercher.
Summer, pleine d'entrain, monte.
Après quelques instants, elle redescend sans lui. ”Il n'est pas là-haut.
Cela me dépite de perdre du temps parce qu'un des employé a infantilement fugué. Je charge donc trois personnes de vérifier les toilettes, la cave et derrière le comptoir.
Aucune traces d'Edward.
Mon agacement monte un peu mais je relâche cette pression pour revenir au rationnel : en ai-je quelque chose à faire de lui ? J'appuie simplement sur le bouton pour prévenir Suzie et j'attends qu'elle arrive. Certains vont fumer dehors, d'autant remontent à l'étage. Je patiente.

Après quelques minutes Edwige et Eleanor redescendent. Cette dernière semble vouloir me parler en particulier, je m'éloigne donc du groupe pour lui laisser cette intimité. Elle m'explique que Edwige a “vu” la scène avec son pendule et que Edward aurait disparu au même moment où la tablette s'est éteinte puis rallumé. Sans répondre, je porte mon regard sur Edwige qui se ratatine encore un peu plus. Je connais les pendules et ce qu'il est possible de faire avec. Ça m'étonne qu'elle ait assez de courage pour en parler et pour l'assumer.
N'importe qui d'autre l'aurait pris pour une folle. Pas moi. La magie et les démons existent. Je la crois et alors que j'allais lui tendre la tablette pour qu'elle y jette un œil je l'entends me demander si elle peut la regarder. Cela me hérisse, je déteste que l'on me devance. Je déteste qu'une femme aussi effacée, aussi banale et… je déteste cela. Mais je me contrôle et lui tend la tablette. À sa réaction, mon regard a dû exprimer toute ma haine et ma frustration, tant pis. Je tâche de reprendre un visage impassible.
Je la regarde trifouiller l'interface quand soudain une nouvelle page s'affiche, rouge avec une autre carte, des petits points et un compteur qui indique “23”. Cela m'intrigue mais avant que je n'ai le temps d'y réfléchir, l'insipide voix de Suzie se fait entendre.
Vous m'avez demandé ? Que puis-je faire pour vous ?
Je récupère la tablette dans un mouvement brusque et la tient contre moi avant de me retourner pour voir la petite femme en gilet bleu descendre de son Segway et se rapprocher de nous. Un Segway, sérieusement ? Eurk, je n'ai pas de mot tant je trouve cet objet ringard et tape-à-l'oeil. Je prends sur moi puis répond à Suzie en lui annonçant que Edward est introuvable, qu'il a certainement quitté l'événement parce qu'il ne voulait pas y participer et que ce serait bien de passer une annonce pour le retrouver, au cas où. Oui, je lui mens sciemment parce que c'est clairement le genre de personne qui ne croit pas à la magie ou au surnaturel; de plus, je n'ai pas envie de faire paniquer tout le monde pour le moment. Suzie enregistre l'information, nous souhaite un ”bon amusement” avant de repartir sur son véhicule débile. Ce qui est cohérent avec le personnage après réflexion.

Alors qu'elle s'éloigne, je déclare simplement au groupe, qui s'est naturellement rapproché pour écouter mes instructions, que notre prochaine destination est la gare. Heureusement que j'ai bonne mémoire parce que je n'ai pas envie de cliquer sur le bouton “Retour à la page précédente” de cette interface bizarre. Je souhaite l'étudier or Edwige est incapable de se souvenir comment elle a enclenché ce changement.
Pendant que nous marchons en plein cagnard, je prends le temps d'observer plus en détail ce que j'ai sous les yeux. Il s'agit d'une carte qui est complètement différente de la carte de la ville, on y voit donc le nombre 23 et plein de petits points qui se déplacent sur une sorte de quadrillage. Difficile de dire ce dont il s'agit mais j'ai ma petite idée et je pense que le compteur va augmenter dans les heures à venir.
Le soleil me tape sur le dos, les épaules, le chapeau, partout et rend la lecture de l'écran compliqué.
Edwige qui marchait à ma droite murmure que ce serait bien qu'on ne se sépare plus, Eleanor à ma gauche suggèrent qu'on devrait faire des groupes de deux. À neuf, quelle idée géniale. Je ne réponds rien et continue de marcher.

Chapitre 3 - Deuxième tour

Après sept minutes de marche, nous arrivons dans le lieu visé : une petite gare dans laquelle se trouve une locomotive et deux wagons.
Alors, alors ? Quelles sont les énigmes ?” La question comme la voix de Summer me hérisse, j'hésite un instant puis choisit de bluffer : “Il n'y a pas d'énigme cette fois, nous allons donc former trois groupes. Un par wagon, un dans la locomotive.” J'envoie alors Edwige, Jasper et Cori dans le wagon de queue, Eleanor, Glenn et Stephanie dans le wagon de tête, je prends Summer et Marc avec moi. Cette répartition est optimale car elle permet de profiter de la motivation exacerbée de Summer, Eleanor et Cori pour trouver rapidement les QR codes tout en ayant, pour chaque groupe, une personne au courant des risques démoniaco-mystiques. Summer se débrouille et j'indique de façon claire et concise au stagiaire où chercher pendant que je réfléchis à ce mystère de tablette.
Je dois cependant me résigner quand Marc, rayonnant de fierté, trouve le code 2D. Je manque d'indices et dois me contenter d'une foule d'hypothèses invérifiables. Summer s'impatiente et je l'interroge un peu rudement :
Tu vois cette interface bizarre ? Bien, l'ergonomie est déplorable et je sais qu'une fois qu'on reviendra sur la page pour scanner le QR code ce sera difficile de la retrouver. C'est dans tes cordes, non ? Vu que tu travailles dans l'informatique. Oui, les réseaux et communications, si tu veux. Tu en es capable ou non ?
Malgré une hésitation, elle me dit qu'elle va regarder. Je clique alors sur le bouton “Retour”, scanne le QR code puis refile la tablette entre les mains de la blonde pendant que je me dirige vers le wagon de tête, suivie de près par Marc.

J'entends gueuler quasiment dans mon oreille ”Hey, on a en trouvé un !” de la bouche d'Eleanor au moment où je franchis les portes. Pendant un instant ma déplaisance doit transparaître de mes yeux mais je choisis de laisser couler car il y a plus important. De plus, se mettre à dos une femme qui semble connaître le monde occulte est une mauvaise idée lorsque celui-ci nous menace. Or je suis convaincue qu'il nous menace.
Je récupère la tablette des mains interloquées de Summer, scanne le QR code puis lui refile avant de passer au wagon suivant. Entre deux râleries, j'entends que Summer demande à Glenn le glandeur s'il veut bien regarder la tablette avec elle.
Au moment où je pénètre dans la voiture de queue, je vois qu'Edwige allait imiter Eleanor et me casser les oreilles pour m'appeler. Fort heureusement elle se retient et m'explique simplement qu'ils ont trouvé le flashcode du wagon. J'apprécie un instant ma performance d'avoir eu le bon instinct concernant les QR codes sans avoir lu les énigmes. Mes mains récupèrent la tablette de celles du geek qui proteste.
Parce que je m'attends à une disparition ou à quelque chose du genre lorsque je vais scanner, je capture le regard de Edwige et lui intime d'ouvrir l’œil. Je partage ensuite un regard intense avec Eleanor pour m'assurer qu'elle ait compris le message puis je scanne.
Rien ne se passe. Les huit personnes sont toujours présent, je suis toujours présente.
Bien.
Je rends donc la tablette à Glenn. Celui-ci rouspète.
Alors que l'on sort tous du wagon, il finit par trouver comment retourner sur l'écran bizarre. Entre deux plaintes contre l'ergonomie et trois questions sur l'utilité de cet écran, il m'explique comment il a réussi. Visiblement il suffirait de faire un signe qui relie les différents bâtiments de la carte de la ville. Ce symbole ne me dit rien mais je le mémorise avant de féliciter Glenn et d'ignorer ses questions : “Bien joué, Glenn.” Edwige et Eleanor semblent elles aussi avoir bien retenu le geste.

En utilisant l'application classique, je nous dirige vers le lieu suivant tout en reprenant, difficilement à cause de la luminosité solaire exacerbée, mon étude de l'autre interface. Le numéro n'a pas évolué. Je me mets à compter les petits points rouges qui bougent et en dénombre 23, exactement le même nombre que celui indiqué. Mon regard se porte sur l'experte comptable qui n'avait pu s'empêcher de regarder et de dénombrer en même temps que moi. Elle rougit de gêne et déclare qu'il y en a bien 23.
Je me détourne d'elle puis continue de marcher en accélérant légèrement le pas : le prochain lieu est une église et j'espère secrètement qu'il y fera frais. Il est très désagréable de sentir son propre corps suer de tous les pores. Je tâche cependant de ne rien en montrer et au vu de l'absence de questions et de remarques je me dis que j'y réussis bien.

Suite à cette traversée, nous pénétrons dans une petite église et un soupir de soulagement m'échappe dès que le frais m'entoure et s'engouffre sous mes vêtements. Eleanor fait une remarque sarcastique à mon égard mais je je l'ignore en lisant les énigmes de ce lieu.
Trois énigmes, trois lieux à fouiller, je renvoie les groupes vers chacun de ces endroits. L'apparition de trois silhouettes qui entrent dans l'église me détourne de mon groupe un instant. Instinctivement, je passe une main sous mon manteau mais la ressort discrètement lorsque je réalise qu'il s'agit de membres de l'équipe précédente qui cherche une certaine Monnie qui aurait disparu.
Un regard sur ma tablette m'indique le nombre 28. Eleanor demande bêtement “Y en a pas un peu plus, là ?”. Je l'ignore et écoute les nouveaux arrivants expliquer la situation à Edwige.
A priori, la dénommée Monnie cherchait vers l'autel la dernière fois qu'elle a été aperçu. Je reporte mon attention vers le groupe d'Edwige qui était sensé farfouiller près du cœur de l'église. Je remarque alors qu'il n'y a personne. Les trois collègues de Monnie qui avaient suivi mon regard semblent effrayées par cette découverte. Eleanor les embrouille habilement avec ses mots et tâche de les rassurer en les raccompagnant vers la sortie. C'est un talent que je ne peux que reconnaître.
Que la timide et passive Edwige semble tout à coup complètement excitée au point de se lancer à corps perdu dans la recherche du QR code de l'autel m'interpelle. Sans rien dire, j'attends qu'Eleanor la rejoigne avant d'aller checker Summer et Marc qui viennent tout juste de trouver leur code 2D. J'apprécie ces timing.
Bien joué, Marc.” L'intéressé semble extrêmement flatté et comblé; ce jeune homme est beaucoup trop soumis à ce que pensent les autres de lui. Il va se cramer tout seul, j'en suis sûre.
Je scanne puis envoie les deux pour aider l'autre groupe. Lorsque je me rapproche d'elle, Edwige me montre le carré blanc parsemé de noir qu'elle a trouvé. Avec appréhension, je le scanne.
Rien ne se passe.
Les pièces du puzzle se multiplient mais ne s'emboitent pas correctement.
Je reporte mon regard sur les quatre de mon groupe qui cherchent le dernier code. Un plan se forme dans mon esprit. Il est temps de prendre les choses en main et d'arrêter de jouer.

Chapitre 4 - Le jeu s'accélère

Pour résoudre ce problème, je dois acquérir plus d'informations. De ce que je comprends, tous les lieux ne semblent pas faire disparaître des gens mais il me faut une confirmation. J'envoie donc Edwige et Eleanor au saloon pour enquêter pendant que je me coltine la surveillance des quatre autres. Je jette un regard à ma Rolex.
Il leur faut bien cinq minutes avant avant de découvrir le flashcode. J'ai le pressentiment que rien ne va se passer, je le scanne.
Rien ne se passe, comme je m'en doutais.

Nous nous dirigeons donc vers le lieu suivant et je me crispe légèrement lorsque les rayons brûlants du soleil viennent frapper mon manteau pour le réchauffer. La fraîcheur de l'église me manque déjà mais je ne me laisse pas distraire et progresse dans le désert. Sur le chemin, je vois Edwige courir vers moi, je donne donc des instructions aux quatre qui m'accompagnent et j'appuie en particulier mon regard sur Marc lorsque je dis “Surtout, ne vous perdez pas de vue et restez ensemble.”. Le stagiaire acquiesce vigoureusement de la tête et il semble comme empli d'une mission. Parfait. Je m'approche alors d'Edwige sous la chaleur écrasante.
La comptable m'explique qu'il n'y a eu aucun soucis au saloon avec le groupe en cours. Eleanor arrive à sa suite et précise qu'elles ont pu voir que certains groupes n'avaient pas de tablettes “maudites” et que nous étions peut-être le seul groupe à en avoir une. Cela me semble assez peu pertinent et très étrange mais j'acquiesce pour enregistrer l'information. Je préconise alors de retrouver le groupe de Monnie à l'épicerie et d'étudier leur tablette. Je demande d'ailleurs à la blonde si elle a ramené la tablette et cela la met hors d'elle : “Non mais tu n'as qu'à y aller si tu n'es pas contente !” Plutôt que d'attendre une inexistante réponse de ma part, elle se dirige à grand pas vers l'épicerie. On dirait qu'elle commence à me connaître. Je darde mon regard dans celui de la comptable silencieuse puis fait un mouvement de tête en direction de l'épicerie. Elle comprend, en décalage, qu'elle doit suivre Eleanor. Pour ma part, je rejoins le groupe en espérant qu'il ne s'est rien passé pendant mon absence.
Sur le chemin aride, je consulte un instant la tablette et son interface étonnante en la protégeant d'une main pour avoir un peu d'ombre. Une fois de plus, le compteur a augmenté : 32. Le temps presse, j'agrandis mes enjambées. Des mégaphones, disposés un peu partout dans la ville, corroborent mes réflexions en annonçant de nouvelles disparitions.

Arrivée au salon de barbier, je grimpe les quelques marches puis patiente à la porte en observant mon groupe sans rien dire. Ils sont tous là et semblent affairés. Je jauge intensément le stagiaire, il semble investi et performant pour le moment. Il s'écoule moins d'une minute avant qu'il ne se retourne et ne me voit. “On a trouvé deux QR codes, le troisième n'est pas loin !” Son regard est à la fois satisfait et craintif. En attente.
Bien joué, Marc”. Une explosion de joie et de fierté le transcende. Il est vraiment trop émotif.
Glenn, montre moi les emplacements.” Comme je m'en doute, il bougonne, râle et traîne du pied mais cède finalement et me mène aux deux codes 2D que je flashe. Peu de temps après, Marc s'excite une nouvelle fois quand il découvre le dernier code. “Bien joué, Marc.” Je l'enregistre.
Rien d'autre ne se passe ici. Ce lieu semble donc ne pas avoir été ciblé.
Bien joué tout le monde, vous avez été efficace. Maintenant direction l'épicerie.
Glenn, Summer, Marc et Stephanie sortent et je leur emboite le pas en examinant de nouveau la tablette. Le nombre n'a pas beaucoup augmenté. Les petits points rouges continuent de bouger et la chaleur de m'oppresser. L'ombre du salon de barbier était finalement plus agréable que je ne l'avais noté.
Sur le chemin, nous croisons la comptable aux pins et la blonde conseillère en ergonomie. Elles m'annoncent qu'elles n'ont pas eu de nouvelles du groupe de Monnie. Cela ne m'arrange pas mais je n'en montre rien et acquiesce simplement en réajustant compendieusement mon plan. Je suggère alors aux deux femmes d'aller voir au saloon ou à l'église ce qui pourrait se passer avec les prochains groupes. J'espère qu'elles choisiront l'église et un fin sourire satisfait se dessine derrière mon masque quand elles m'annoncent se diriger vers le lieu saint.
Bien.
Pour ma part, je rejoins le groupe à l'épicerie, de nouvelles annonces se faisant entendre. La suite de mon programme est claire.

Je briefe de nouveau les quatre membres de notre groupe sur ce qu'ils doivent faire, chercher les QR codes et rester ensemble, puis je leur demande de me donner leur numéro afin que l'on reste en contact si nécessaire. Je mets quelques instants à débattre avec moi-même puis finalement c'est en pestant intérieurement que je leur donne mon propre numéro. Au cas où. Une fois tout ce bordel terminé, il faudra donc que j'en change ; j'en ai marre d'avoir à faire ça à chaque fois mais c'est bien moins déplaisant que la perspective de Marc ou Summer pouvant me contacter à l'avenir.
Suite à cet échange, je repars dans le chaud et me dirige précisément jusqu'au lieu d'accueil.
Des éclats de voix me parviennent et je bifurque légèrement pour les rejoindre. Je découvre alors que de nombreuses personnes se plaignent des disparitions et que le staff incompétent n'a aucun argument valide pour les rassurer. Je me fraie facilement un chemin dans la foule qui s'écarte pour moi et j’atteins le groupe de drôles en gilets bleus et aux visages décomposés. Plusieurs N+1 de la boîte sont présents et semblent tout autant embarrassés et dépassés.
J'élève légèrement la voix et leur assure fermement : ”Je me charge de la situation. Vous, passez une annonce et rameuter tout le monde ici puis restez ensemble là.
Je vois à leurs réactions qu'ils auraient envie de protester mais qu'ils n'ont clairement aucune autre solution. Ils deviennent donc, à l'instar du badaud des villes, de simples moutons. Ils acquiescent, balbutient je ne sais quelle stupidité et s'exécutent. J'ai fait ce que j'avais à faire pour protéger les civils, passons à la phase suivante.

Sur le chemin pour l'épicerie et alors que mon annonce est passée, je marche plus lentement, souffrant du soleil. Je m'arrête un instant à l'ombre et sort une gourde d'eau tiède. Après un regard autour de moi, confirmant que je suis seule, je baisse mon masque qui révèle un visage brûlé et particulièrement abîmé. Digne d'un film d'horreur dirait Tony. Quel connard.
Je bois.
Après avoir rangé la gourde, je reprends le chemin. Il est temps de finir ce jeu.

cr_monsters_week_1.1660741550.txt.gz · Dernière modification : 2022/08/17 15:05 de elanndelh